La chartreuse de la Verne

La chartreuse de la Verne

Origine du nom

Certains historiens pensent que la chartreuse a été construite sur les ruines d'un temple païen dédié à la déesse Laverna qui aurait précédé un autre dédié à Diane. C'est là l'une des explications qui ont été trouvées pour donner une origine plus ou moins réaliste à ce lieu.

Pour d'autres chercheurs, verna désignerait des esclaves d'origine sarrasine que certaines communautés religieuses utilisaient sans vergogne.

Bien entendu, pour les chartreux, la signification est bien différente puisqu'originellement la chartreuse était baptisée Cartusia Mariae Vernae, ce dernier terme qualifiant la douceur du climat ambiant.

Plus vraisemblablement, comme de nombreux établissements à travers le pays, le nom évoque son environnement. Ici la Verne viendrait en réalité du latin populaire "vernium" qui désignait un aulne. D'où la traduction N-D des Aulnes ou de l'Aulnaie. En Provençal : verno.

Un peu d'histoire

En 1174 y fut consacrée la première église romane, seule à ne pas être détruite par les incendies de forêt successifs (1214, 1271 et 1318) qui ravagèrent les bâtiments. Chaque fois reconstruite, la chartreuse ne cessa d'étendre son domaine grâce aux donations et à l'excellente gestion des moines.

Pourtant, le sort s'acharna sur le lieu saint qui couvrait plus de 3 000 hectares, objets de toutes les convoitises. Pillé en 1416 par les seigneurs de Bormes qui s'approprièrent une grande partie des terres et enlevèrent le prieur et son économe, le monastère fut ensuite saccagé par les guerres de religion.

La chartreuse, occupée par les Huguenots en 1577, subit l'année suivante un siège très sévère à l'issue duquel les religieux durent remettre 300 écus au cadet de Baudiment. Ce dernier s'empara alors de tous les plus beaux objets du culte, fit battre les moines et, pour faire bonne mesure, les chassa du couvent, les contraignant à s'enfuir, nus, dans la forêt.

Restaurer, encore et toujours

La pugnacité et le courage des chartreux furent extraordinaires : au fil des siècles, ils ne cessèrent de reconstruire, puis d'agrandir encore leur abbaye malgré les épreuves récurrentes.

S'ils surmontèrent plusieurs raids barbaresques et un autre incendie en 1721, la Révolution leur fut fatale qui ne leur permit pas de terminer les importants travaux de construction entrepris et les dispersa, définitivement cette fois.

Jamais achevée, la chartreuse fut vendue comme bien national en 1792. Classée monument historique en 1921, elle est aujourd'hui propriété des Eaux et Forêts. Grâce à l'association des Amis de la chartreuse de la Verne et aux soeurs de Bethléem qui l'occupent depuis 1983, la restauration du monument se poursuit, un travail considérable ayant déjà été accompli.

Bâtie sur des terrasses successives, la chartreuse ouvre son monumental portail de serpentine vert sombre sur la cour des Obédiences entourée des bâtiments qui abritaient l'écurie, la forge, la boulangerie, la menuiserie et le pressoir à olives. Les soeurs de Bethléem vivent dans les bâtiments claustraux de l'ex-hostellerie, chaque cellule reflétant l'organisation du monastère. Chartreuses dans la chartreuse, elles permettent aux religieuses d'effectuer la plupart de leurs travaux monastiques sans rompre l'isolement régulier.

Le cimetière, situé au centre du cloître et dissimulé aux regards profanes par de hauts murs, garde le souvenir des frères et des pères dont la piété imprègne à jamais ces lieux.

Un bâtiment de la chartreuse

Un bâtiment de la chartreuse

La visite

La construction des bâtiments actuels s'est échelonnée du XII ème au XVIII ème siecle mais les édifices mediévaux ont pratiquement disparu. La chartreuse est bâtie sur des terrasses successives.

Après le portail monumental du XVII ème siècle se trouve la vaste cour des obédiences, formée par les deux premiers corps de bâtiments. Il s'agissait de l'unité économique de la chartreuse où se trouvaient l'écurie, la forge, la boulangerie, la menuiserie, le pressoir à olives, où valets et domestiques s'activaient sous les ordres des frères. Les bâtiments claustraux (l'ex-hostellerie) où vivent les soeurs de Bethléem se trouvent en face de l'entrée et possèdent une porte centrale aux vantaux de bois sculpté d'époque Régence qui donne sur un bel escalier de pierre bordé d'une rampe en fer forgé. Il mène au salon de réception, à la salle a manger, à la bibliothèque et aux chambres. Au rez-de-chaussée se tient la grande cuisine avec ses annexes, où l'on entre par le porche qui mène également à l'arrière de la chartreuse. L'espace vide situé derrière occupe l'emplacement du petit cloître, le domus inferior, réservé à la dizaine de frères dévolus au service des moines. On y trouvait les bâtiments communautaires:

la chapelle romane (au nord), dont il reste des ruines; le réfectoire (au sud), qui ouvrait sur le cloître par une baie à six cintres. La nouvelle chapelle, merveilleusement restaurée, est à l'ouest. Le grand cloître, ou domus superior, partie réservée aux seuls pères, se trouve au bout de l'éperon. Les cellules étaient disposées autour du grand cloître, celles des officiers occupant les angles, et celle du prieur se situant a l'articulation des grand et petit cloîtres. Chaque cellule, dotée de l'eau courante reflétait l'organisation du monastère, à la fois oratoire, cloitre, scriptonum, refectoire, cuisine, dortoir, atelier et potager. Dans cet univers en réduction, la hauteur des murs de clôture du jardin et les vitres dépolies empêchaient le moine, qui ne sortait que trois fois par jour, pour se rendre à l'église, de voir au-dehors. Les repas étaient apportés par un frère qui les glissait dans un passe-plat dont la forme de chicane s'opposait à tout échange visuel ou auditif. Les quelques croix du cimetière situé au centre du grand cloître, dissimulé au monde extérieur par de hauts murs, rappellent le souvenir des frères et des pères enterrés ici. Au fond, dans le mur nord, s'ouvre une poterne qui donne accès, par une porte fortifiée, à une esplanade sur laquelle était bâti un moulin à vent, également fortifié.

A pied autour de la chartreuse

Il est possible de réaliser un sublime tour de la chartreuse:

à Collobrières, prendre la D 14, bifurquer sur la petite route qui conduit à la chartreuse et laisser sa voiture au petit parc de la Croix d'Anselme.

Suivre pendant 4 à 5 heures le sentier «feuilles de Chênes» de l'ONF. Après le col de Boulin, la route forestière conduit à la chartreuse de là, le sentier repart à droite, passe devant une citerne d'incendie verte et monte à la crête de l'Ermitage; revenir par le vallon du Bousquet et la crête de la Verne.

Visite en été de 11 h à 18 h, en hiver de 11 h à 17 h. Entrée 5 euros.

Fermée le Mardi et les jours de fêtes religieuses. Fermeture annuelle en Janvier.

Accès : 12 km de Collobrières sur la route de Grimaud.

En savoir plus sur le site de la chartreuse de la Verne