Dans le prolongement, le bain Deligny est créé au XIXème siècle et, en 1884, la première piscine couverte parisienne est construite par la Société française de gymnastique nautique à Château-Landon (10ème). La municipalité parisienne ouvre, 5 ans plus tard, l'établissement Rouvet (19ème) qui comporte dans une même enceinte, bains-douches et piscine. L'étape décisive vers la modernité, est constituée par la création de la piscine de la Butte aux Cailles (13ème) en 1924. Elle sépare de manière distincte les 2 types d'établissements. Entre les 2 guerres, Paris compte 28 piscines municipales et privées. Il faudra attendre les années 60 pour que de nouvelles piscines soient construites.

La piscine-bains-douches de la Butte aux Cailles est un des édifices majeurs conçu par Louis Bonnier, architecte de la Ville de Paris. Cet édifice reflète la distinction qui naquit au début du siècle, entre natation et hygiène autrefois confondues. La piscine de la Butte aux Cailles a marqué l'histoire des établissements balnéaires parisiens. Bien que seulement quatrième piscine municipale à être construite à Paris, elle fut la première à coupler dans un même bâtiment bains-douches et piscine, la première à utiliser une architecture en béton apparent, la première à dissocier bassin et cabines, obligeant les baigneurs à passer sous les douches avant de plonger dans l'eau.

En effet, Bonnier, dont l'idée est de créer une usine à nager, ne badine pas avec l'hygiène. Les nageurs doivent obligatoirement passer par les douches et, nouveauté importante, par le pédiluve. L'architecte, qui a son franc-parler, inscrit même sur le carrelage la formule lapidaire : "Salaud qui salit l'eau...".