Le chêne liège
Le chêne-liège est présent sur notre territoire depuis 6500 ans avant J-C. Son évolution et son devenir sont très fortement liés à l'occupation de l'Homme et à son organisation sociale. Utilisé pour ses glands dans l'alimentation des animaux domestiques, pour son bois pour le chauffage et la construction, c'est avec son écorce que le chêne-liège acquiert toutes ses lettres de noblesse.
Le chêne-liège est un arbre au tempérament calcifuge, c'est-à-dire poussant essentiellement sur des sols pauvres en calcaire actif (granit, gneiss, schistes, …). Grâce à un système racinaire pivotant qui lui permet un enracinement très profond, le chêne-liège peut se développer dans des sols peu propices, fortement argileux ou très superficiels.
Cela constitue pour lui une bonne adaptation à la sécheresse. Mais les sols qu'il affectionne sont des sols légers, frais, bien drainés (teneur en sable supérieure à 50%), profond, à texture sablo-argileuse, reposant sur une roche mère métamorphique. De petite taille, le chêne-liège ne dépasse que très rarement les 25 mètres. Sa taille habituelle est de l'ordre de 13 mètres.
En pays catalan, dans les Aspres et les Albères, la hauteur dominante moyenne est de l'ordre de 9 mètres.
A l'état naturel, il peut fêter plus de 500 anniversaires, mais les levées successives de liège diminuent fortement cette remarquable longévité qui, compte tenu de l'état de dégradation des suberaies (abandon, feux successifs, …), est descendu à environ 150 à 200 ans.
Le bois du chêne-liège est dur et lourd. Sa résistance au frottement et à la pourriture sont des qualités demandées dans la construction de certaines pièces de bateaux, des outils et les parquets pour lesquels il était autrefois utilisé. Actuellement, la principale utilisation du bois de chêne-liège, hormis la production de liège, est le bois de feu car il constitue un très bon combustible.
Les feuilles du chêne-liège présentent un polymorphisme très marqué. Elles sont alternes, généralement coriaces, plus ou moins dentées, vert-brillant et présentent une pubescence sur la face inférieure. Elles sont persistantes entre 2 et 3 ans.
Le chêne-liège est monoïque : les fleurs mâles pendent en chatons (de 4 à 8 cm de long) à l'extrémité des rameaux de l'année précédente et les fleurs femelles s'insèrent à l'aisselle des feuilles de la pousse de l'année. La floraison a lieu au printemps, parfois en automne mais dans ce cas ne donne pas de glands. De forme ovoïde, à pointe courte et velue, les fruits, appelés glands, présentent une taille variable. La cupule est polymorphe, conique, grisâtre ou roussâtre, avec des écailles lâches. La maturation des glands a lieu au cours de l'année de floraison, et arrive à son terme à la fin de l'automne. Le chêne-liège fructifie à partir de 15 à 20 ans, avec une importance variable suivant les années. Le chêne-liège est un arbre assez exigeant en ce qui concerne la chaleur et l'humidité. Il requiert des précipitations annuelles supérieures à 600 mm, et des températures moyennes annuelles supérieures à 13,5°C environ, avec des minimas supérieurs à -5°C. Ces exigences peuvent néanmoins varier en fonction de certaines particularités stationnelles : humidité stationnelle élevée, fraîcheur relative due à une nappe phréatique peu profonde, etc… Tout ceci explique d'ailleurs fort bien sa répartition géographique : absent des régions à tendance climatique continentale, on le trouvera plutôt dans des zones à influences maritimes douces et humides, sur les façades océaniques.
C'est l'écorce du chêne-liège qui représente la partie la plus singulière de cet arbre. C'est un tissu végétal constitué de micro-cellules mortes alvéolées, composé à 90% de matière gazeuse, qui lui confèrent une densité extrêment faible. D'un point de vue thermique, acoustique et vibratoire, le liège est un très mauvais conducteur. Sa première utilisation en tant qu'isotherme remonte très tôt dans l'Antiquité dans la fabrication de ruches.
En ce qui concerne sa place dans la construction, on retrouve quelques traces des premiers emplois du liège comme isolant thermique parmi les populations primitives d'Afrique du Nord qui l'utilisaient en plaques et mélangé avec de l'argile pour la construction des murs de leurs habitations.
Aujourd'hui, le liège est concassé pour former des granulés de liège, qui, portés à 300°C, se dilatent et s'agglomèrent avec sa propre résine sans adjonction d'aucun liant. Sous cette forme, il est utilisé en panneau d'isolation thermique mais aussi acoustique.
La grande concentration de subérine dans le liège rend les cellules de ce tissu imperméable aux liquides et aux gaz. Grâce à ces trois propriétés, le liège devient le matériau idéal pour le bouchage des bouteilles. Le liège chimiquement inerte ne porte pas préjudice à la santé et résiste à l'usure du temps. Il conserve intacte son élasticité naturelle et assure une étanchéité totale à la bouteille qu'il bouche. De plus, le liège et le vin sont étroitement liés car tous les pays producteurs de liège, sont aussi de grands producteurs de vin.